Trump a fait bombarder l’Iran : le bluff laisse place au brouillard

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Après 2 jours de flottement, le gouvernement de Trump a finalement décidé de participer à la guerre opposant l’État d’Israël à l’Iran. Dans la nuit du 21 au 22 juin, les bombardiers B-2 ont de ce fait ciblé 3 sites nucléaires iraniens, ce qui présage un avenir de troubles dans la région du Moyen-Orient. Cette attaque subite a pris de court les marchés financiers, qui s’étaient habitués à une administration Trump menaçante, mais assez sensible aux fluctuations de la Bourse pour reculer au dernier moment. Cette observation a pris l’acronyme de TACO (Trump Always Chickens Out, ou Trump se dégonfle toujours) pour insister sur l’inconsistance des annonces tonitruantes du président américain. Or, étant donné que Trump a fait bombarder l’Iran, force est de constater que la tournure que prend le conflit Iran-Israël remet en question la pertinence du TACO et bouleverse nos représentations de l’environnement international. Analysons pourquoi.

TACO : lorsque les marchés tournent Trump en ridicule

Cet acronyme, qui s’est progressivement fait une place dans les bureaux des grandes institutions financières, s’origine dans la plume de Robert Armstrong, éditorialiste au Financial Times. Il voulait, à travers lui, souligner cette tendance qu’a Donald Trump à faire demi-tour sur ses propres décisions lorsqu’elles avaient pour effet d’agiter un peu trop les marchés financiers. On a pu observer ce phénomène fin mai 2025 avec la pause dans l’instauration des 50% de droits de douane sur les importations européennes.

Selon Sams Burns, analyste chez Mill Street Research, les traders et les investisseurs auraient pris pour habitude d’aller beaucoup plus à l’encontre des réactions attendues d’une annonce choc, anticipant dès lors la retombée du soufflet. Trump, en multipliant les menaces et les injonctions sans lendemain, a ainsi beaucoup perdu en crédibilité auprès des marchés.

Bizarrement, celui-ci semble très mal prendre cette réputation de couard. Il a de ce fait exprimé son indignation lors d’un entretien en lançant un : »Moi, je me dégonfle?! Je n’ai jamais entendu cela ! » outré.

Même si cet acronyme peut prêter à sourire, Steve Sosnick d’Interactive Brokers considère qu’il décrit de façon non politique l’emploi du bluff par Trump.

Trump a fait bombarder l’Iran : du bluff du TACO au brouillard du FAFO

L’illusion qu’il existe un paterne au sein de l’apparente imprévisibilité du gouvernement américain s’est déchiré dans la nuit du 21 au 22 juin lorsque Trump a fait bombarder l’Iran. Cette attaque a pris de court ceux qui reposaient sur le TACO et l’idée du bluff permanent qui en découlait pour lire les décisions du locataire de la Maison-Blanche. John Hardy, responsable de la stratégie macroéconomique chez la banque d’investissement danoise Saxo, percevait déjà les limites d’une telle heuristique : il ne fallait pas oublier que, malgré une tendance à avorter des mesures politiques, Trump était aussi capable de l’inverse : agir sans prévenir. Nous le répétons encore, l’attaque de l’Iran par les États-Unis est le signe que plus rien n’est sûr et qu’il faut craindre ce pays capable de tout. Ce nouveau paradigme d’incertitude constante reconfigure notre rapport à l’investissement, aux chaînes d’approvisionnement, et même à la paix.

Selon Reuters, le TACO laisse place au FAFO (F*ck Around and Find Out) au sein des bureaux dans grandes banques. Cela évoque le fait que Trump agisse sans réfléchir et de manière imprévisible, causant un chaos dans l’environnement économique et géopolitique mondial.

Peut-on comprendre les actions de Trump ?

Nous pensons que, malgré le chaos ambiant, il est possible de connaître les sources des agissements du gouvernement Trump. Il faut pour cela mobiliser une grille de lecture néoréaliste et gramscienne de la situation.

Le néoréalisme

Il s’agit d’un courant de pensée géopolitique qui présente l’espace international comme anarchique, c’est-à-dire qu’il n’y a des leaders que temporairement. Ces États vainqueurs, acteurs rationnels cherchant continuellement à satisfaire leurs intérêts, le sont grâce à des atouts matériels (puissance militaire, démographique, financière…) qui créent un cadre propice à une forte agentivité.

Hégémonie culturelle et bataille culturelle

Antonio Gramsci, philosophe marxiste et antifasciste italien des années 1930, a conceptualisé l’idée d’hégémonie culturelle ainsi que son corollaire, la bataille culturelle. L’hégémonie culturelle est le fait pour le bloc qui détient matériellement le pouvoir de dominer aussi par les idées en façonnant une doxa à son image. Cela permet de gagner le soutien, ou du moins la non-hostilité, des autres groupes sociaux. Cette hégémonie s’obtient par une bataille culturelle dans laquelle des vecteurs (médias, œuvres culturelles…) sont utilisés pour propager les idées d’un bloc.

Analyse de l’attaque contre l’Iran

On peut dès lors décrypter l’attaque des États-Unis contre l’Iran comme la volonté des trumpistes pro-intervention de l’emporter sur ceux contre, volonté concrétisée en assaut grâce aux moyens militaires colossaux disponibles et à la puissance économique et financière du pays. Dans un contexte de délitement de la société américaine, une victoire sur le régime des Mollahs, sans revivre l’enlisement en Irak et en Afghanistan, pourrait solidifier le bloc trumpiste pro-intervention, discréditer ceux en faveur d’une politique plus isolationniste et montrer au reste du monde que les Etats-Unis ne part pas en lambeaux. L’allié israélien est la clé de voûte de l’architecture stratégique américaine au Moyen-Orient, le défendre revient à démontrer que les États-Unis peut protéger ses intérêts dans la région, et ce même au détriment du droit international.

Mais le pari est pour le moins risqué et dépend de la capacité des États-Unis à faire chuter le pouvoir iranien en place sans s’embourber, ce qui semble impossible si l’on compare cela avec ce qui s’est déroulé après les interventions américaines en Irak et en Afghanistan. Un enlisement, voire l’émergence de nouvelles cellules terroristes dans la région, pourraient bien être l’étincelle qui met le feu aux poudres de la société états-unienne. Ainsi, les intérêts ne sont pas ceux du pays entier, mais du bloc au pouvoir. En effet, parler des États-Unis, c’est parler de la branche interventionniste des trumpistes, une faction qui cherche à gagner la bataille culturelle en prouvant aux sceptiques et aux adversaires chinois et russes que le pays reste le meilleur, car capable de renverser une situation qui dure depuis des dizaines d’années et d’outrepasser le droit international pour faire valoir ses intérêts.

Conclusion

À défaut d’avoir réussi à unifier la société américaine, le gouvernement Trump cherche à façonner l’environnement géopolitique mondial. On peut y voir comme une fuite en avant. La violence sociale qui s’accroit dans le pays et le chaos qui règne à l’international sont les témoignages d’une tentative de reprendre la main sur le pouvoir. Hannah Arendt montre dans son essai Du mensonge à la violence que la violence et le pouvoir sont des vases communicants : lorsque l’un se vide, l’autre se remplit. La Terreur (au sens politique) décrit le moment où le vase de la violence est le plus rempli. Cette violence s’emploie alors de manière disproportionnée pour conserver un pouvoir qui ne fait que se perdre. Ce régime de Terreur, c’est ce que Trump est en train d’instaurer dans l’environnement international et infranational. Étant donné que Trump a fait bombarder l’Iran, on peut alors s’attendre à tout, n’importe qui peut être frappé par le courroux du géant ivre américain. Cette analyse de la situation n’est pas à comprendre comme une stratégie bien rodée élaborée par le camp interventionniste des trumpistes, mais plutôt comme une inclination, un réflexe politique qui n’est pas conceptualisé. Au final, improvisation et opportunisme sont bien souvent les causes des évènements les plus majeurs.

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    Sources :

     

    MR Online. (2025, May 12). Why does the U.S. support Israel? A geopolitical analysis with economist Michael Hudson. https://mronline.org/2025/05/12/why-does-the-u-s-support-israel-2/

    RTBF. (2025). Frappes de Trump sur l’Iran: la fin du bluff. https://www.rtbf.be/article/frappes-de-trump-sur-l-iran-la-fin-du-bluff-11565983

    de La Hamaide, S. (2025, May 31). Trump se dégonfle: toujours le président américain agacé par la nouvelle théorie du Taco Trade. Le Figaro. https://www.lefigaro.fr/conjoncture/trump-se-degonfle-toujours-le-president-americain-agace-par-la-nouvelle-theorie-du-taco-trade-20250531

    France 24. (2025, May 31). Trump, les marchés et la théorie du taco. https://www.france24.com/fr/info-en-continu/20250531-trump-les-march%C3%A9s-et-la-th%C3%A9orie-du-taco

     

     

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